La vie après le Polar Prince

Voilà deux jours que j’ai retrouvé mon quotidien à Ottawa, en Ontario. J’ai écrit les réflexions ci-dessous après avoir bouclé mes bagages, le 10 juin 2017.

Par: Jeune Ambassade Canada C3 sur Étape 1, Dhilal Alhaboob

Cet article a été publié à partir du blog de Dhilal, le Gist.

Aujourd’hui s’est achevée la première étape de l’expédition Canada C3, à bord du Polar Prince. Tant de choses restent inachevées. Des pensées et des apprentissages inachevés. Le voyage me laisse plus confuse qu’auparavant. On dit que plus on apprend, moins on sait. Et pourtant, plus on apprend, plus on est en mesure de poser des gestes éclairés. Alors, par où commencer?

Le Canada est connu pour la grande politesse de ses habitants et la taille de son territoire. Nous connaissons moins l’historique de ses mauvais traitements envers les Autochtones, la diversité de ses espaces naturels et le désaccord qui divise sa population au sujet de son avenir. Nous sommes, comme se plaît à le dire Geoff Green, une nation « océanique ». Nous nous déployons sur trois côtes. Nous jouissons d’une riche diversité de paysages, de points de vue et de peuples, et nous apprenons tout juste à la transformer en force pour tous les Canadiens.

On pourrait croire qu’une nation est façonnée par le peuple et pour le peuple. Mais le Canada n’a pas été initialement créé pour l’ensemble du peuple et, en conséquence, par l’ensemble du peuple. Comment se réconcilier avec cette réalité? Comment bâtir quelque chose sur des eaux mouvantes? Je n’ai pas de réponses. Je ne peux pas en avoir. Je pense que nous parviendrons à en trouver à force de temps et d’efforts. Les tables rondes et les initiatives communautaires sont intéressantes, mais une réforme politique est essentielle. Si notre Parlement voulait réellement favoriser la réconciliation, il modifierait entièrement la Loi sur les Indiens et mènerait une campagne nationale d’éducation sur les traités, destinée aux peuples colonisateurs qui sont eux aussi visés par ceux-ci. Je pense cependant que nous allons de l’avant.

Durant cette étape de l’expédition, j’ai découvert que j’adorais être sur l’eau. J’ai énormément appris sur les systèmes d’eau douce, notamment que le plus grand système d’eau douce au monde se trouvait au Canada. J’ai appris que les membres de la Première Nation d’Akwesasne devaient passer les douanes internationales sur leurs propres territoires traditionnels. J’ai écouté les idées fascinantes des autres participants, et j’ai eu l’impression que beaucoup de gens sympathiques travaillaient à provoquer des changements positifs pour cette génération et celles à venir.

Vraiment, l’expédition Canada C3 a représenté une chance unique. Je me suis fait des amis de tous les coins du pays, et même d’Allemagne. J’ai rencontré une famille de nouveaux arrivants qui habitait à Wellington, dans le comté de Prince Edward. J’ai mangé du beurre d’érable. J’ai interrogé un chef cuisinier à propos de son travail. J’ai aidé à planter deux jeunes arbres sur l’île Gordon. J’ai vu le plus beau coucher de soleil de ma vie. J’ai rencontré quelques âmes sœurs. J’ai lu un livre. J’ai beaucoup écrit et un peu dessiné. J’ai profité du calme. J’ai jeûné. J’ai même chanté avec Aaron Pritchett (je ne surmonterai jamais cette honte). J’ai participé pour la première fois à un BBQ coréen. Je suis devenue amie avec un pilote de zodiac français nommé Julien.

Je me suis amusée. Et je suis tellement reconnaissante de pouvoir faire entendre ma voix afin de modifier la vision que nous avons du Canada et de ce qu’il peut devenir. Je ne peux pas dire que cette expérience a particulièrement changé ma vie, parce que la plupart des choses me changent d’une manière ou d’une autre. Ce que je peux dire, c’est que beaucoup de choses ont laissé leur empreinte sur mon existence, et qu’elle a été enrichie par tout ce que j’ai vécu et appris.

J’ai quelques recommandations à faire à ceux qui participeront aux prochaines étapes :

  1. Soyez critiques et francs. Vous avez l’occasion de vous mêler à une vaste conversation, et l’intégrité est essentielle.
  2. Achetez du fromage/des produits en conserve/de la crème glacée. Toujours.
  3. N’utilisez pas vos données cellulaires lorsque vous êtes en itinérance. La réalité vous frappe durement lorsque vous rentrez chez vous avec une jolie facture de 500 $.

Je pense que ces conseils peuvent être utiles à tout le monde. J’espère qu’ils vous serviront bien. J’aurais aimé que quelqu’un me renseigne sur le dernier point.