La perspective scientifique de Canada C3 – 2 juin

Par : Ailsa Barry, Chercheuse pour Canada C3

L’équipe scientifique à bord du Polar Prince est passée à l’action ce matin, en ce premier jour de navigation : elle a entamé deux travaux de recherche menés dans le cadre de Canada C3. Il ne s’agit que de deux travaux sur un total de 22, qui seront entrepris tout au long du voyage, et qui permettront aux scientifiques de développer des connaissances sur les milieux côtiers du Canada.

Meredith Brown, scientifique en chef de la première étape et sentinelle de la rivière des Outaouais, ainsi que Tom Pratt, de Pêches et Océans Canada (MPO), ont profité de l’eau calme et du bon temps pour collecter des échantillons d’eau destinés au projet eDNA, en cours d’élaboration par l’Université de la Colombie-Britannique en collaboration avec le MPO. Ce travail ambitieux sera poursuivi à toutes les étapes du voyage et consistera à analyser les traces d’ADN laissées par les organismes aquatiques dans l’eau environnante. Une fois analysées, ces données permettront d’établir des indicateurs importants pour la biodiversité côtière qui change rapidement partout au Canada. Cela est possible grâce à une technologie génomique relativement nouvelle.

Tom et Meredith ont rapidement adopté les laboratoires incroyablement bien équipés que Roger Bull, du Musée canadien de la nature, a méticuleusement installés. Le premier est un laboratoire propre appelé « Canadensis » – un jeu de mots basé sur le fait qu’il a été conçu au Canada et ressemble à une gigantesque boîte en fer-blanc, ayant été fabriqué à partir d’un conteneur d’expédition – et le second se nomme « Bowhead », parce qu’il est situé à l’avant du bateau. Les photos ci-dessous montrent ces magnifiques laboratoires, tels que Roger les a laissés. Voyons voir à quoi ils ressembleront dans une semaine!


Roger Bull dans le laboratoire Canadensis, nouvellement aménagé.


Le laboratoire Bowhead.

Tom et Meredith ont réuni leur équipement et sont partis en zodiac vers Duck Island pour l’échantillonnage de l’eau.


Tom et Meredith prélevant des échantillons d’eau.

Pendant ce temps, j’ai rassemblé des participants pour commencer l’étude « Seabird and Marine Mammal » (sur les oiseaux et les mammifères marins), réalisée par l’Université Dalhousie. Cette étude vise à observer, au fil du parcours, un éventail d’animaux s’étendant des oiseaux aux épaulards. Malheureusement, la première étape ne nous permettra pas d’étudier de grands animaux marins : nous nous sommes donc concentrés sur la mise en place de l’équipe chargée des oiseaux. Il s’agit d’un grand projet scientifique citoyen auquel sont prêtes à se joindre trois participantes : Christie Hartlin, Debbie Muir et Johanne McInnis. Les données recueillies seront éventuellement transmises à ebird.org et offriront un aperçu des changements qui se produisent au Canada en raison des modifications des habitats et du climat.


De gauche à droite – Christie Hartlin, Debbie Muir et Johanne McInnis.

Nous avons rapidement compris les instructions compliquées pour calculer la distance des oiseaux lorsque nous nous trouvons à l’avant du bateau.

Méthode pour calculer la distance en utilisant le rayon de la Terre.

Par chance, Johanne a quelque chose d’une ornithologue, car sa mère est une excellente ornithologue au Nouveau-Brunswick; Johanne a rapidement signalé la différence entre les goélands argentés et les goélands bourgmestres.

Malheureusement, la plupart des oiseaux que nous avons vus étaient des cormorans à aigrettes – des oiseaux nuisibles qui dévorent les poissons et tuent les arbres avec leurs excréments. Des rangées et des rangées de cormorans à aigrettes recouvraient les bancs de sable.

Pendant ce temps, Tom et Meredith sont revenus, et le véritable travail de la journée a commencé : il fallait filtrer tous les échantillons pour en extraire l’ADN, les étiqueter sans les contaminer, puis les congeler. Le protocole était très long, et nous avons tous éprouvé de la reconnaissance pour Roger qui avait mis ces laboratoires incroyablement bien équipés à notre disposition.

Meredith au travail, filtrant un échantillon.

Demain, nous nous dirigerons vers la Station de recherche sur les pêches de Glenora, pour en apprendre davantage sur leur programme de conservation de l’anguille d’Amérique.